Le clown blanc

 

Je suis le clown blanc

Je ris à travers mes larmes

Je ris pour faire rire

Mais personne ne voit

Que le soir dans le noir

Mon maquillage prend des blâmes.

Je suis le clown blanc

Je ris pour les petits

Je ris le mercredi

Mais le jeudi je fuis,

Je fuis vers la nature

Elle ne me trahit pas,

Elle toujours elle dure.

 

Je suis le clown blanc

Si vous me rencontrez

Par la route l'été

Ne vous attardez pas,

Passez votre chemin,

Il y aura un demain,

Jeudi puis Vendredi,

Seul Dimanche sera une fleur blanche!

Si vous voyez ma tombe

Auguste sera écrit

Alors jetez-y donc

Quelques rires aussi,

Je les entends d'ici!

Catherine Escarras © : jeudi 27 mars 1997

 

 

 

Le conte des enfants clowns

 

Il était une fois, dans la même cour d’école, d’une école de ce pays, trois enfants qui passaient tout leur temps à « faire le clown ».

Comme disait l’instituteur aux parents :

"Ils ne savent faire que ça !"

Je ne sais si vous le savez, vous qui me lisez ou m’écoutez, dans un enfant qui fait le clown, il y a deux enfants qui se cachent :

un enfant triste et un enfant joyeux ou apparemment joyeux, qui sert justement à cacher l’enfant triste.

Vous allez me demander, car votre curiosité est insatiable :

« D ’où vient-elle cette tristesse qu’il y a chez l’enfant triste qui se cache derrière l’enfant qui fait le clown ? Qui fait des bêtises pour faire rire les autres ? »

Parce que, vous l’avez remarqué, l’enfant clown ne rit pas tellement au fond, il fait rire les autres, ça oui ! Il fait même rire l’institutrice ou l’instituteur, mais pas toujours !

D’accord, un enfant clown, dit des choses drôles, sait mimer, sait jouer avec les mots, sait faire le chat, ou imiter un éléphant qui dort ou le directeur qui vient rappeler d’une voix grave et désolée qu’ «après avoir fait caca il faut tirer la chasse d’eau… » ou que «ça ne sert à rien de chauffer une classe si on laisse ouvertes les fenêtres de cette même classe… ».

Mais ne nous égarons pas. Vous m’avez bien demandé d ’où vient cette tristesse qu’il y a chez l’enfant triste qui fait le clown ?

D’abord, je dois vous dire qu’elle vient de très loin.

En fait du fin fond de son enfance.

Pour Paul, par exemple, qui fait toujours le clown en se moquant des manières des autres, imitant tout ce qui passe à sa portée. Comment sait-il, cet enfant clown, que son père était un enfant triste ? Silencieux, toujours au bord des pleurs, replié sur lui-même…même si aujourd’hui son papa est capable de «casser la gueule à n’importe qui, hein ! ».

Et Georges, un autre enfant clown, comment sait-il que sa maman a vécu il y a très longtemps une grande tristesse dont elle n’a jamais pu parler ? Que Georges a très bien entendu…en faisant justement le clown !

Et pour le troisième de la bande, comment a-t-il deviné qu’il n’avait pas le droit d’être triste, qu’il devait toujours faire comme si tout allait bien ? A qui ferait-il de la peine s’il osait être triste ?

Ce qui est sûr, voyez-vous, c’est qu’aucun de ces trois enfants clowns n’a jamais eu de témoignages de la part de l’un ou l’autre de ses parents… d’aucun. Et cependant, chacun à sa façon a entendu et tente de dire l’indicible.

Là où des enseignants, des parents ne voient qu’un garnement faisant le pitre, il y a toujours un enfant méconnu, masqué, qui tente de révéler le possible d’une autre réalité.

 

Conte extrait de "Contes à guérir, Contes à grandir " Jacques Salomé