A un enfant

Enfant, tu grandis : que ton cœur soit fort!

Lutte pour le bien : la défaite est sainte.

Si tu dois souffrir, accorde à ton sort

Un regret parfois, -- jamais une plainte.

 

Ecris, parle, agis, sans peur du danger.

L'univers est grand : que ton œil y plonge!

Tu pourras faillir, même propager

Une erreur parfois, -- jamais un mensonge.

 

Si tu vois plus tard d'indignes rivaux

Toucher avant toi le but de la vie,

Trahis seulement, sûr que tu les vaux,

Du dépit parfois, -- jamais de l'envie.

 

Tu voudras aimer : l'amour prend pour lui

Nos meilleurs élans contre un long mécompte !

Du moins, qu'il te laisse, après  qu'il a fui,

Des larmes parfois, -- jamais de la honte.

 

Le mal ici-bas trône audacieux

D'un amer dégoût si ton âme est pleine,

Nourris dans ton sein, montre dans tes yeux

Du mépris parfois, -- jamais de la haine.

 

Et si dans ce monde, étroite prison,

Un trouble apparent met l'âme en déroute,

Que l'œuvre de Dieu laisse à ta raison

Un souci parfois, -- mais jamais un doute.

                                                                                  Eugène Manuel - 1892

                                                                                 Professeur au lycée de Nice

 Merci de votre passage dans mon jardin,

j'espère qu'il vous aura procuré bonheur, détente et certains enrichissements...

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